Don't threaten me with a good time - Jacob Frye
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Cela fait bientôt trois ans et demi que tu t’es réveillé avec un mal de crâne digne d’une beuverie dionysiaque, mais il n’y avait rien de bien plaisant pour toi. Juste un énorme vide dans la mémoire, un néant où flottait seulement ton nom. Cloué dans un lit d’hôpital toute la journée, tu avais essayé de recouvrer un bout de ce qui avait été toi, en vain. Il n’y avait qu’un gigantesque brouillard, et tu revenais toujours au même point. Tu t’appelais Jacob Frye, le reste était incertain.

On te laissa pourtant sortir, et on t’aida même à trouver un travail chez Abstergo Industries, qui te permit de louer ce petit appartement dans le Bronx. D’aucuns diraient que ta vie était triste et difficile, mais tu ne pouvais pas cracher sur cette opportunité, et puis, c’était mieux que rien. Ça te suffisait aussi, t’étais pas un mec compliqué, enfin, t’en avais pas l’impression. Tu bossais de nuit, et ça t’allait bien : t’avais du mal à te réveiller avant 10h de toute façon alors autant dormir le reste de la journée. Ton appart s’est vite transformé en bric-à-brac, tant tu ne savais pas quoi faire de tes dix doigts : il s’avéra que tu étais plutôt doué pour réparer de vieilles choses ou simplement pour créer de petites sculptures rigolotes. Tu espères pouvoir fabriquer des choses réellement utiles un jour, ou progresser dans l’art de la customisation, mais tu as peur d’atteindre les limites de l’auto-apprentissage. Il te faudrait quelqu’un de plus doué que toi… M’enfin.

Quand tu n’es pas en train de travailler ou de bricoler, t’es dehors, à boire ton salaire dans les bars de ton quartier. Toi et ta grande gueule, ça finit toujours mal, surtout quand ta libido gargantuesque est de la partie. T’es pas difficile en ce qui concerne tes aventures : tu bouffes à tous les râteliers, du moment qu’on t’en files pas, des râteaux. C’est pas tellement que t’as des standards particulièrement bas, c’est que tout le monde est si beau, si charmant, si intéressant… Et que t’as clairement envie de plaire. Tu dis haut et fort que t’as aucun souci si on t’aime pas, mais c’est pas si vrai que ça : t’es un chiot fou qui jappe juste auprès de tout le monde.

Tu te poses assez peu de questions, finalement. C’est pas ton genre de ressasser un passé que tu ne connais pas, et qui se refuse de toute façon à toi. On t’a dit que ton amnésie est due à un accident de voiture, et tu veux bien le croire. C’est hautement plausible, et t’as pas envie de gratter la surface. Tu te sens pas assez intelligent pour le faire, et puis tu sais que la vie est bien trop courte pour s’embarrasser de ce genre de choses. T’as bien l’impression d’avoir certaines capacités, mais il y a une peur que tu ne nommes pas qui t’empêche de vraiment explorer cet aspect de ton identité. Tu es Jake Frye, tu bricoles des machins, tu bois des pintes et tu casses des gueules dans des bars, et tu peux pas t’empêcher de draguer tout ce qui bouge.